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Chapitre VIII





                                                           

Le chemin des nations



1) Le premier devoir civique du chrétien



Nous allons utiliser dans ce chapitre les divers rapprochements historiques que nous avons vu pour nous laisser conduire dans une réflexion dont chacun tirera ce qui lui convient selon sa vocation. Notre tâche n’est pas de privilégier un parti politique plus qu'un autre, même si nous allons immanquablement faire ressortir certaines caractéristiques charnelles de nos divers régimes politiques. Nous resterons attachés à l'élargissement de notre regard sur notre monde sans cesse en conflit, au détriment de tant de vies écrasées par le malheur, parfois pour la gloire, la richesse ou la domination de quelques-uns.  

C'est parce que nous attachons souvent beaucoup plus d'intérêt à la conscience collective née des gènes de nos ancêtres et la gérons selon une pauvre logique datant de Mathusalem, que nous retombons si facilement dans des préceptes autres que ceux que nous reconnaissons justes en Jésus-Christ. Nous le retrouvons d'autant plus facilement en politique, que nous ajoutons aux préceptes chrétiens la difficile gestion d'un pays toujours soumise aux géniales idées des contradicteurs. C'est pourquoi nous ferons des rapprochements entre nos diverses lignes de conduite et l'idéal chrétien afin que chacun conserve ce qui lui semble bon, au-delà des politiques de droite ou de gauche.

Le devoir civique du chrétien est la première des règles à laquelle nous devrions être tous attachés au-delà de nos partis pris et de toute influence extérieure. Dans mes premières années de conversion, n'en ayant pas encore acquis moi-même le discernement, je donnais raison aux enseignements qui incitent certains milieux chrétiens à ne pas se préoccuper : " Des affaires du monde ". L'apôtre Paul en parle dans les passages que nous allons lire, mais de quel monde parle-t-il ? (Éphésiens 2-1/2) Pour vous, vous étiez morts par vos fautes et par vos péchés dans lesquels vous marchiez autrefois selon le cours de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, cet esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. //  (2 Timothée 2-4/5) Il n'est pas de soldat qui s'embarrasse des affaires de la vie, s'il veut plaire à celui qui l'a enrôlé; et l'athlète n'est pas couronné, s'il n'a combattu suivant les règles. //

Il s'agit toujours du même monde de convoitises après lequel notre âme charnelle peut encore courir. Si nous regardons par contre aux éloges que Jésus fit à propos du comportement de la veuve, pour les deux pites qu'elle donna en offrande à Dieu, alors que ces deux toutes petites pièces faisaient partie de son nécessaire de survie, ( voir Marc 12-42/44 ) il ne lui reprocha pas de mal gérer sa maison qu'elle négligeait par-là, bien au contraire.

Si donc gérer sa maison avec l'aide de Dieu, devient un acte spirituel, travailler à gérer sont pays avec son aide, devient également un acte spirituel. A l'inverse, celui qui agira charnellement dans une quelconque gestion de son pays sera répréhensible comme il le sera pour tout autre acte charnel.

Ceci est vrai pour les dirigeants politiques, mais le simple citoyen chrétien, a-t-il le droit de se dissocier du reste de la nation dans un pays à caractère démocratique ? Nous avons l'exemple biblique de tous les personnages illustres qui ne se séparaient pas du reste de la nation, mais s'assimilaient au peuple dans une repentance générale, lorsque Dieu prenait la décision d'une sanction collective à cause des méfaits parfois d’un seul d’entre eux !

Peut-être certains voient-ils en cela une normalité, sachant que ces hommes se trouvaient être la " tête " mise en avant par rapport au reste de la nation ? Ce n’était pourtant pas le cas de certains prophètes qui étaient pour eux-mêmes simplement attachés à leur fonction. Cette attitude n'a donc pas à être adoptée par la seule " tête " régnante, mais bien par chacun, et particulièrement dans nos nations dont les représentants sont élus au suffrage universel.

Si en tant qu'être humain nous voulons être victorieux de notre propre chair, nous devons faire vivre d'avantage la part de l'Esprit. Il en est exactement de même dans une nation, mais comment cela pourrait-il se faire, si celui qui croit représenter l'Esprit s'écarte dédaigneux de l'évolution de son univers de vie, et n'assume pas la part de responsabilité qui lui incombe ?

Nous avons vu combien toutes les remarques désobligeantes adressées aux conducteurs spirituels étaient vraies pour chacun en Jésus-Christ, sachant qu'en lui nous sommes tous sacrificateurs. Croyez-vous qu'il en va autrement dans une nation démocratique ?  Nous ne retrouvons plus en effet dans une démocratie le seul attachement de cœur à la vie et à la progression de la nation, mais bien une participation à part entière de chacune des cellules de celle-ci à déterminer sa " tête ", donc sa ligne de conduite. Nous pouvons ne pas être d'accord avec les opinions de cette tête sans nous en dissocier pour autant, car la solution réside plutôt dans un meilleur investissement personnel que dans un dénigrement des autres.

Il nous est en effet facile de ne pas tenir compte de notre petit bulletin de vote, voir même de notre abstention, ce qui est encore pire, pour ne pas porter avec les autres le poids de " nos " fautes collectives. Nous adoptons alors l'attitude que nous dénoncions au chapitre précédent de faire des ricochés sur l'eau, car nous nous dissocions de notre tête pour mieux pouvoir la critiquer. Nous pouvons être citoyens français, américains ou russes, nous sommes avant tout, citoyens du monde chrétien avec tout ce que cela représente devant Dieu de responsabilité.

Si nous aspirons à faire la volonté de Dieu dans quelque domaine que ce soit, attendons-nous alors à devoir prendre position au moins par notre bulletin de vote. Les chrétiens ne doivent pas dire comme les autres, " ils sont tous pareils, il n'y en a pas un pour racheter l'autre ". Dieu connaît le cœur de chacun, et sait où tout homme conduira le monde. Il est alors bon en toute vérité et humilité de cœur de faire plus confiance à Dieu qu'à l'homme, même et surtout face à celui qui se présenterait comme envoyé de Jésus. Ce n'est pas aux fleurs mais aux fruits que l'on reconnaît l'arbre.

L'abstentionnisme et le parti pris, sont les principales faiblesses de la démocratie, et donnent raison aux extrémismes. L'un, l'abstentionnisme est égal à la tiédeur dans la foi, et l'autre, le parti pris égal au refus du discernement de Dieu au profit de notre aveuglement charnel. Si nous ne sommes pas prêts à suivre Dieu pour mettre un bulletin de vote dans l'urne, et que par quelques propos malsains envers nos dirigeants nous les condamnions dans l'intégrité de leurs propres sentiments, ne sommes-nous pas alors des juges aux pensées iniques ? Mieux vaut prier utilement pour eux, reconnaissant que plus la tâche est grande, et plus il est difficile de l'accomplir avec intégrité.

Ce qui empêche Dieu de nous guider utilement dans des démarches de ce genre, est encore une fois notre facilité à tomber dans l'exagération des débordements charnels qu'il veut nous éviter. Combien nous est-il facile en effet lorsque nous avons l'impression que Dieu a parlé à nos cœurs, d'imposer nos perceptions aux autres dans un manque de respect de l’homme. C'est par ce biais que nous nous occupons des affaires du monde, car nous entrons ainsi dans des rivalités charnelles venant de ce logiciel antique. Si nous refusons de suivre Dieu dans les voies qu'il nous met à cœur parce que nous ne nous reconnaissons que dans des voies de droite ou de gauche, c'est que nous préférons éventuellement pécher que nous tenir devant Dieu pour faire sa volonté.

A ces erreurs nous pourrions ajouter l'inconstance et l'opportunisme, et c'est bien pour cette raison que dans la simplicité de notre cœur nous devons nous reconnaître inaptes devant Dieu à une juste prise de position. Nous devons toujours être prêts à le suivre en toute sincérité et humilité, car personne mieux que Dieu peut connaître la pensée et l'évolution de tout élu face à ce qu'il rencontrera en difficultés et en tentations. C'est pourquoi nous devons faire plus confiance à l'Esprit de Dieu qu'aux paroles ou aux sentiments manifestés. Nous l'avons déjà remarqué pour le couple, aussi proches pouvons-nous être sentimentalement l'un de l'autre, plus nos présomptions charnelles sont grandes avant le mariage, plus nous risquons très vite de déchanter. C'est la même chose en politique.

Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleures et des grincements de dents.

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